Ca te fera deux francs, petit 1/2

Cette photo fait partie de la série « Douce France ». Douce France, c’est une chanson de Charles Trenet, écrite dans les années 40. C’est une drôle de petite mélodie, vu d’aujourd’hui, mais qui en dit long sur une France que l’on ne connaît plus. Alors, un peu à la manière de Patrick Modiano, je suis allée à la recherche de cette France oubliée, que je perçois souvent au détour d’une rue ou dans un éclat de vois rempli d’un accent perdu. Je suis sortie un soir avec mon appareil et j’ai capturé des instants, des lieux vides de sens pour beaucoup mais plein d’images pour moi, en espérant qu’ils le deviendront pour vous. 

Sur ces deux photos, ce que j’ai aperçu ce sont ces vitrines en bois. On en voit beaucoup, de nos jours, dans les centres villes historiques récemment rénovés. Dans ces circonstances, elles font presque artificielles. Ici, le bois noirci et fendu porte la marque du temps. Les montants craquelés, rugueux, les vitres brisées et poussiéreuses recèlent des échos du joyeux brouhaha d’une famille à la recherche de caramels pour le petit Jaques, d’un jeune couple souriant qui se côte à côte en se jetant des regards tendres dans la tiédeur de l’après-midi, d’une grand-mère qui préférerait un pain moins cuit – non, plutôt celui-là, mais oui vous voyez bien, sur l’étagère tout en haut. Ces vitrines aujourd’hui abandonnées qui montrent qu’à cet endroit, la vie a existé.